Ces dernières semaines, nous avons alterné entre l’hiver où neige et températures (très) négatives sont venues remettre un peu d’ordre dans la forêt, et printemps où le soleil et la chaleur ont enfin permis aux abeilles de bien profiter des premiers apports de nectar et de pollen pour le renouvellement et la croissance des colonies.
Cette renaissance printanière permet aussi aux apiculteurs de retourner ouvrir les ruches afin d’évaluer la qualité et la vitalité du cheptel au sortir de cette grande trêve hivernale. Et comme nous ne sommes pas aussi réactifs sur notre blog que les abeilles dans la nature, nous profitons des derniers soubresauts du froid pour évoquer ici ce qu’il se passe dans les ruches durant l’hiver…
D’une façon générale, les animaux ont plusieurs tactiques pour passer l’hiver. Elles dépendent en premier lieu de leur mode de chauffage. Les mammifères et les oiseaux gardent une température à peu près constante par production de chaleur interne.
Par exemple, nos brebis profitent de l’isolation offerte par leur laine épaisse et nos poules de celle de leur plumage fourni.
Et puis il y a carrément l’hibernation. Les vrais hibernants, comme le hérisson, la chauve-souris, la marmotte, voient leur température passer de 34-35° à 4° à 6°. Les battements cardiaques du hérisson passent de quelque 190 battements par minute à 20 par minute. Son rythme respiratoire passe de 40-50 respirations par minute à 9-10. Les dépenses énergétiques de l’animal sont diminuées de 30 à 50 fois.
Au contraire, les reptiles, batraciens, poissons ou insectes n’ont pas des températures constantes et dépendent de sources extérieures de chaleur.
Mais une espèce d’insecte échappe à cette règle, notre abeille domestique, avec des stratégies très malignes. Elles ne vont pas hiberner mais hiverner. Tout d’abord, la reine de la ruche va donner naissance, lors de ses dernières pontes en fin de saison, à ce que l’on appelle des abeilles d’hiver, différentes des abeilles dites d’été.
Alors qu’une abeille d’été vit de 45 à 60 jours, une abeille d’hiver vivra de 150 à 200 jours. L’abeille d’hiver, qui ne volera pratiquement pas en dehors de la ruche, est là pour aider à la survie du groupe et surtout de la reine (qui elle, vit de 4 à 5 ans). Pour ce faire, elles utiliseront le miel accumulé pendant la belle saison.
Lorsque le mercure du thermomètre commence à descendre dangereusement, les abeilles s’organisent pour se protéger du froid en formant une grappe autour de la reine. L’essaim va se regrouper à un endroit proche des réserves de miel. L’objectif est de produire la chaleur indispensable à la survie de la colonie. Les ouvrières arrivent à maintenir une certaine température au cœur de la ruche, malgré le froid extérieur.
Pour former la grappe hivernale, les abeilles pénètrent à l’intérieur des cellules vides et remplissent les espaces entre les rayons pour réduire les déperditions de chaleur. Les abeilles formant la couche externe ont la tête dirigée vers le centre et relèvent leurs ailes à un angle de 45° environ. Celles qui se trouvent au centre produisent de chaleur en contractant frénétiquement leurs muscles de vol sans bouger leurs ailes.
Cela produit de la chaleur qui maintient le centre de la grappe à une température voisine de 30°C. Et par un mouvement de rotation les abeilles se trouvent tour à tour l’intérieur puis à l’extérieur de la grappe ayant ainsi la possibilité de se réchauffer et de protéger les autres membres de la colonie.
La formation de la grappe est la réponse des abeilles au froid hivernal. Plus les températures diminuent, plus la grappe se contracte pour diminuer les déperditions de chaleur. Lorsque la température remonte, elle se décontracte logiquement.
Cette chaleur leur permet de continuer plus ou moins certaines activités, elles ont donc besoin de se nourrir.
Les activités sont cependant assez réduites et elles ne sortent pas tant que la température extérieure est en-dessous de 12 °C environ. Plus les températures sont basses, plus leur métabolisme et leur activité sont ralentis.
Lors des hivers les plus rudes, la grappe se contracte tellement qu’il arrive qu’elle perde le contact avec le stock de provisions. A ce moment-là, les abeilles risquent un engourdissement qui pourrait leur être fatal. Ce n’est donc pas tellement le froid qui tue les abeilles mais plutôt le manque de nourriture.
Cependant, un hiver doux n’est pas une bonne nouvelle pour les abeilles. Le soleil et des températures clémentes peuvent pousser les butineuses à aller se balader. Comme elles ne trouveront rien à butiner, elles se fatigueront donc pour rien et devront rentrer dans la ruche pour manger. Le stock d’hibernation pourra diminuer très rapidement, ce qui représente un risque majeur si l’hiver perdure.
L’apiculteur joue un rôle prépondérant dans la survie hivernale des abeilles. Il doit avant tout veiller à ce que les abeilles aient assez de nourriture en laissant le miel présent dans le corps de la ruche, voire en apportant les nourrissements d’appoint au besoin.
Laisser un commentaire